Consultable en ligne : Recueil de pièces authentiques sur le captif de Sainte-Hélène
Dès le retour des exilés de Sainte-Hélène en 1821, de nombreux documents (textes, lettres, déclarations) relatifs aux dernières années de Napoléon Ier furent publiés.
Deux séries tiennent une place importante parmi cette masse éditoriale.
La plus connue, Mémoires pour servir à l'histoire de France, sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa captivité, et publiés sur les manuscrits entièrement corrigés de la main de Napoléon, composés de dictées de Napoléon au général Montholon sur la guerre d'Italie, l'expédition d'Egypte et de Syrie, le siège de Toulon, et au général Gourgaud sur les Précis des guerres du maréchal Turenne, plus des notes. Le contrat avec le libraire-imprimeur Bossange avait été conclu dès la descente de bateau début août 1821 avec Montholon, rejoint par Gourgaud pour la somme conséquente de 30 000 francs. Les huit tomes parurent entre 1823 et 1825.
Moins étudié, Recueil des pièces authentiques sur le captif de Sainte-Hélène, de mémoires et documents écrits ou dictés par l'Empereur Napoléon, est pourtant tout aussi intéressant même s'il peut dérouter le lecteur par la succession de textes imprimés sans une présentation ou une quelconque introduction qui viendraient l'éclairer et lui permettraient de remettre les écrits dans un contexte historique.
Le premier volume de la série (qui en comptera douze en tout) fut imprimé dès 1821, suivi à un rythme soutenu par onze volumes en 1822 et clôt par un ultime tome plus tardif en 1825.
La responsabilité revint à trois personnes, toutes trois "bonapartistes" et figures de l'opposition politique à la Restauration.
L'éditeur, Alexandre Corréard (1788-1857), était l'un des 10 survivants (sur les 152 hommes d'équipage) du naufrage de La Méduse au large des côtes africaines en 1816. A jamais marqué par cette terrible expérience de survie sur un radeau, il se lança dans le commerce des livres et ouvrit une boutique au Palais-Royal dans les Galeries de bois, haut lieu de la librairie parisienne, sous l'enseigne "Au naufragé de la Méduse". Il édita un grand nombre de brochures alimentant les polémiques politiques, mais également de la littérature en se singularisant par un goût prononcé et sûr pour le roman gothique anglais. De ses presses, sortit en 1821 la première édition française du roman de Mary Shelley, Frankenstein.
Les deux "éditeurs scientifiques", Antoine Jay (1770-1854) et Joseph Renault-Warin (1775-1844), étaient rédacteurs dans des quotidiens d'opposition au régime de Louis XVIII. et très proches des élites impériales. Le premier fut le précepteur des enfants de Fouché durant six ans.
Le premier tome fut avant tout une charge contre la Grande-Bretagne, geôlière de l'Empereur et coupable à leurs yeux de sa mort. L'exergue qui orne la couverture donnait le ton : "Je lègue l'opprobre de ma mort à la maison régnante d'Angleterre. Napoléon".
Les tomes suivants furent constitués de pièces relatives à l'exil de Sainte-Hélène qui avaient déjà fait l'objet de publications, mais souvent à faible tirage, peu ou mal diffusées. Quelques gravures furent insérées dans la publication.